Selon les données nationales les plus récentes, quatre sur dix des 100 millions de personnes en RDC sont en situation d’insécurité alimentaire, avec 15,6 millions de personnes en état de « crise » ou de faim « d’urgence ».
« Tellement de Congolais sont au bord du gouffre et courent même le plus grand risque d’y tomber », a déclaré Claude Jibidar, Représentant du PAM en RDC. « Le monde ne peut pas laisser cela se produire, s’inquiétant, bien que cela soit compréhensible, du fait que le COVID-19 entraîne des pertes de vies et de moyens de subsistance ».
Le PAM a besoin de 172 millions de dollars américains supplémentaires pour être en mesure de mettre pleinement en œuvre son opération d'urgence dans le pays au cours des six prochains mois. Il prévoit de venir en aide à 8,6 millions de personnes cette année - dont près d'un million de personnes les plus durement touchées par la pandémie - contre un total de 6,9 millions de personnes en 2019.
Sans le financement nécessaire, les rations alimentaires et les allocations d'assistance en espèces devront être réduites, puis le nombre de personnes qui reçoivent de l’aide devra être réduit. Les interventions pour traiter et prévenir la malnutrition aiguë sont également à risque d’interruption.
La malnutrition est particulièrement omniprésente dans l'est de la RDC ravagée par les conflits et riche en minerais, où des décennies de combats ethniques opportunistes et brutaux ont forcé des millions de civils à fuir leurs villages - nombre d'entre eux à plusieurs reprises.
Les violences dans cette région au cours du premier semestre de 2020 - dont certaines seraient des crimes de guerre - a déraciné plus d'un million de personnes.
La plupart des plus de cinq millions de Congolais actuellement déplacés à l’intérieur du pays - la plus grande population de ce type en Afrique - vivent dans des camps de fortune et des zones urbaines avec des installations sanitaires et des soins de santé médiocres, ce qui les rend particulièrement vulnérables au COVID-19. Le PAM leur fournit de la nourriture ou des espèces.
Les maladies mortelles, comme le paludisme et le choléra, aggravent le défi de la faim.
Au moment où la dixième et plus grande épidémie d'Ebola du pays prenait fin en juin, ayant fait près de 2300 morts en deux ans dans l'est de la RDC - l'assistance alimentaire et le soutien aérien du PAM étaient au cœur de la réponse - la onzième épidémie a éclaté dans la province de l'Équateur au nord-ouest du pays, et continue de se propager.
La province du Kasaï Central est l'épicentre d'une épidémie de rougeole à grande échelle, qui augmente considérablement le risque de décès chez les enfants souffrant de malnutrition.
La récolte de cette année devrait être inférieure à la moyenne dans une grande partie de la RDC en raison de la sécheresse, des inondations et des infestations de ravageurs, ainsi que de l'accès limité des agriculteurs à leurs champs en raison de l'insécurité et des restrictions de mouvement dues au COVID-19.
Pourtant, avec quelques 80 millions d’hectares de terres arables - la deuxième plus grande superficie de ce type au monde après le Brésil - et environ la moitié des ressources en eau de l’Afrique, la RDC a le potentiel de produire plus qu’assez de nourriture pour sa population.