Il aura fallu près de deux ans de lutte pour venir à bout de la 10ème épidémie de la maladie à virus Ebola dans l’Est du pays. Aujourd’hui, alors que le gouvernement de la République démocratique du Congo annonce officiellement la fin de cette épidémie, M. Abdou Dieng, chef du bureau UNEERO, félicite les autorités, les partenaires, les travailleurs de santé et les communautés.
«Nous sommes dans le pays qui a vu naître ce virus en 1976 et qui a le plus de connaissance à son sujet. Avant même que nous ne mettions fin à la 10ème épidémie, la 11ème a déjà commencé à Mbandaka. Malgré cela, les communautés doivent savoir qu’elles peuvent aujourd’hui guérir de la maladie », dit M. Dieng.
Cette 10ème épidémie marque en effet un tournant dans la lutte contre Ebola et symbolise un nouvel espoir dans un pays où la MVE est devenue endémique. Grâce à l’utilisation de vaccins et traitements, un tiers des personnes affectées ont pu être sauvées.
« Nous avons la chance d’avoir les traitements nécessaires, des laboratoires décentralisés, des équipes locales compétentes, formées et prêtes à intervenir. Aujourd’hui il faut que les populations aient le réflexe de chercher de l’aide dès les premiers symptômes», souligne M. Dieng.
Malgré les avancées médicales, cette épidémie aura été la plus meurtrière de l’histoire de la République démocratique du Congo avec plus de 2200 morts. Un des obstacles principaux pendant la riposte à Ebola aura été l’insécurité avec plus de 300 attaques sur les structures de santé et 11 morts parmi le personnel médical et les patients. L’Est du pays frappé par l’épidémie est connu pour son instabilité avec 125 groupes armés évoluant dans la zone. Mais au-delà de la violence armée, c’est la méfiance et le rejet des communautés auxquels la riposte Ebola a dû faire face et s’adapter.
« Une des plus grandes leçons apprises est d’écouter et impliquer les communautés à temps dans le dialogue et la planification de la riposte. Il est essentiel de donner aux populations l’opportunité de s’approprier la riposte, sans quoi, nous risquons d’être contre-productifs », assure M.Dieng qui souligne les efforts de transfert de capacités entrepris envers les équipes locales.
Avant même l’annonce de la fin de la 10ème épidémie d’Ebola en RDC, un autre foyer d’Ebola a été identifié à Mbandaka, en Equateur, à plus de 1000 kilomètres de l’Est du Congo. Les expériences et les leçons de la 10ème épidémie d’Ebola doivent être prises en considération au plus tôt dans la conception et la mise en œuvre de la riposte à la 11ème épidémie.
« Ebola est endémique dans le pays et il faut que les Congolais sachent reconnaître et répondre à la maladie rapidement», ajoute M. Dieng.
La mise en place de la période de surveillance de 90 jours ainsi qu’un suivi continu et régulier des survivants au virus Ebola sont essentiels pour détecter des cas à temps et les contenir rapidement. La RDC est en proie à deux épidémies simultanées, la MVE qui frappe aujourd’hui Mbandaka en Équateur et la pandémie de COVID-19, sans compter les autres maladies comme la rougeole ou le paludisme qui continuent de faire des victimes dans le pays.
« L’épidémie d’Ebola a fortement affecté un système de santé déjà très faible, les communautés déjà pauvres, ont perdu de leurs revenus, les ressources en eau ont été affectées», affirme M. Dieng. « Il n’y a certes plus de cas d’Ebola dans l’Est du pays mais les conséquences de la maladie sur les communautés et les 1100 personnes qui ont survécu nécessitent encore un soutien continu », signale M. Abdou Dieng, chef d’UNEERO.
Si l’Est du Congo peut aujourd’hui célébrer la fin de la 10ème épidémie d’Ebola, une myriade de défis persistent dans la région : situation sécuritaire volatile, insécurité alimentaire, pauvreté et bien d’autres fléaux auxquels les populations sont confrontées.
« Nous avons pu mettre fin à cette épidémie d’Ebola mais les besoins des communautés restent incommensurables et la communauté internationale doit s’engager à continuer à soutenir les communautés dans la prévention d’Ebola et au-delà», insiste M. Dieng.