La Tshopo : Hub de développement économique, de préservation environnementale et pilier de la lutte contre le changement climatique
09 juillet 2025
Retour sur la récente visite du Groupe de Coordination des Partenaires (GCP) à Kisangani et Yangambi, Province de la Tshopo, dans le Nord Est du pays.
Les membres du Groupe de Coordination des Partenaires (GCP) s’accordent à reconnaître que la province de la Tshopo joue un rôle clé dans la réussite du projet du Couloir Vert. Une initiative ambitieuse alliant développement durable et transition économique dans le bassin du Congo. Cette conviction s’est renforcée à l’issue de la mission effectuée du 24 au 27 juin 2025, conduite par Éric Willemaers, Ministre-Conseiller à l’ambassade de Belgique en RDC et co-président du GCP.
L’objectif de cette mission était d’explorer les opportunités de développement socio-économique en lien avec le programme présidentiel du Couloir Vert Kivu-Kinshasa, un projet stratégique axé sur la préservation du bassin du Congo et le renforcement du rôle central de la Tshopo dans la croissance durable nationale.
Au cours de cette visite, plusieurs initiatives et projets, directement ou indirectement liés au Couloir Vert, ont été examinés afin de formuler des recommandations concrètes pour orienter les prochaines étapes du processus et encourager l’engagement des bailleurs autour des priorités identifiées.
Kisangani : des opportunités concrètes pour le développement du Couloir Vert
Après une visite de courtoisie au Gouverneur de province, Paulin Lendongolia Lebabonga, la délégation du GCP s’est rendue à la centrale hydroélectrique de la Tshopo pour évaluer l’état d’avancement des travaux de réhabilitation financés par ENABEL, l’agence belge de développement. Ces travaux, une fois achevés, devraient porter la production d’électricité à 13 mégawatts d’ici décembre 2025. Cette infrastructure constitue un levier stratégique pour améliorer l’accès à l’énergie, condition essentielle au décollage économique de la région.
La mission a également visité la faculté des sciences de l’Université de Kisangani, où des bâtiments modernes ont été construits grâce au financement de l’Union européenne. Le Centre de Surveillance de la Biodiversité (CSB), récemment rénové avec le soutien européen à la recherche scientifique, a également été inspecté.
Enfin, la délégation s’est rendue à l’école primaire Madula, située au PK 23 sur la RN4 dans le territoire d’Ubundu. Construite dans le cadre du Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL 145-T) mis en œuvre par le PNUD et utilisant l’énergie verte. Toutefois, cette école ne parvient toutefois pas à accueillir tous les élèves du village, malgré les efforts déployés.
Yangambi : symbole de renaissance scientifique et écologique
Légende: Visite de la délégation du GCP à la pépinière de Yangambi
À Yangambi, la délégation a visité le laboratoire d’analyse du bois de l'Institut nationale pour l'Etude et la Recherche Agronomiques (INERA), une unité ultramoderne financée par l’Union européenne et employant plusieurs chercheurs qualifiés. Ce laboratoire permet d’identifier précisément les essences de bois grâce à des observations microscopiques, renforçant ainsi les capacités des douaniers à lutter contre le trafic illicite de bois aux frontières de la RDC.
La centrale de cogénération du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), qui utilise le gaz issu de la combustion des déchets végétaux pour produire de l’électricité, a également été visitée. Une extension est prévue pour alimenter l’huilerie et le nouveau marché de Yangambi, en cours de construction, en partenariat avec l’INERA.
Un moment fort de la mission a été la visite de la tour à flux, un outil essentiel pour mesurer les émissions et la séquestration du CO₂ et d’autres gaz à effet de serre. Grâce à cette infrastructure, la communauté scientifique peut démontrer que les forêts du bassin du Congo séquestrent plus de carbone qu’elles n’en émettent — davantage même que la forêt amazonienne.
À l’INERA Yangambi, chercheurs et partenaires techniques développent une approche intégrée combinant recherche scientifique, conservation, développement énergétique et économique, soulignant que ces piliers sont interdépendants.
Vers une transition verte durable
Éric Willemaers a souligné que
''cette synergie entre science, biodiversité et filières agricoles constitue un modèle à consolider et à répliquer. Des ressources phylogénétiques uniques, comme le café robusta ou le palmier à huile, pourraient propulser la RDC au rang d’acteur stratégique sur les marchés mondiaux si elles sont valorisées de manière durable.''
Kato Longfield, cheffe de mission adjointe à l’ambassade de Grande-Bretagne en RDC, a salué la richesse écologique de Yangambi et l’engagement des acteurs locaux :
''J’encourage toutes les parties prenantes à se mobiliser comme un seul homme pour préserver cette forêt pour les générations futures, surtout à l’approche de la COP30.''
Jean Pierre Busogoro, chargé de programmes environnement et agriculture durable à la délégation de l’Union européenne, a déclaré :
''Je salue à Yangambi le potentiel unique de la RDC à développer une économie verte à partir de filières agricoles stratégiques comme le café robusta et le palmier à huile, essentielles pour offrir des alternatives durables aux communautés riveraines des forêts protégées.''
Les infrastructures portuaires de l’Office National des Transports (ONATRA SA, considérées comme un levier stratégique pour les échanges entre l’Est et l’Ouest de la RDC et un maillon clé du Couloir Vert, ont également fait l’objet d’une visite spéciale.
Ibrahim Abdoul Nasser, représentant adjoint de la FAO en RDC, représentant Le Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et Co-président du GCP empêché, Bruno Lemarquis, a appelé à la redynamisation du port de l’ONATRA par la mise en œuvre effective du plan d’investissement existant, afin qu’il réponde pleinement aux ambitions du Couloir Vert.
Le Ministre provincial du Plan, Senold Tandia, a salué la visite de la délégation comme un signal fort de partenariat :
''Grâce à ses atouts environnementaux et à la volonté de surmonter les défis d’infrastructures et d’énergie, la province de la Tshopo est prête à devenir un modèle national du Couloir Vert, alliant développement durable et progrès économique.''
Légende: La délégation du GCP posant devant la Faculté des Sciences de l'UNIKIS
Au terme de cette mission, la Tshopo se positionne non seulement comme un laboratoire du développement durable en RDC, mais aussi comme une vitrine potentielle de la transition verte à l’échelle du continent. Les membres du GCP ont assuré que cette mission ne serait pas un exercice isolé. Les données collectées et les recommandations formulées seront capitalisées et intégrées aux discussions futures avec les autorités nationales. L’implication forte et durable des autorités congolaises à tous les niveaux est indispensable pour assurer la pérennité des efforts des partenaires.