Tentative d’évasion à la Prison Centrale de Makala à Kinshasa, UNFPA se déploie
Les interventions du Fonds des Nations Unies pour la Population ont été lancées 48 heures seulement après le drame
L’incident dramatique de tentative d’évasion de la Prison Centrale de Makala
Le 02 septembre 2024, UNFPA a reçu un rapport de l’Unité des Services Correctionnels de la MONUSCO qui décrit qu’à l'aube un groupe de prisonniers de sexe masculin provenant de neuf pavillons a tenté de s'évader. Après avoir tenté en vain de forcer les portes des pavillons, les prisonniers ont réussi à abattre le mur du pavillon vieillissant de la prison, puis ont accédé à la cour ouverte. Les agents des tours de garde ont donné l'alerte et tiré des coups de feu de sommation pour empêcher les prisonniers d'avancer. Se rendant compte que le plan d'évasion avait été réduit à néant et dans la mêlée qui a suivi, certains prisonniers se sont dirigés vers l'aile des femmes, ont brisé les portes des cellules et violé 269 détenues, dont l'une est décédée des suites du viol. Une deuxième femme qui a refusé de céder au viol et s’est battue est décédée le 05 septembre victime des coups, blessures et traumatismes subis. Parmi les 268 femmes survivantes du viol, 4 étaient déjà enceintes et 17 étaient des adolescentes âgées de 15-19 ans.
Les femmes enceintes sont éligibles à la prophylaxie post exposition (PPE) pour le VIH et devront discuter des risques et des avantages avec le médecin. La Prison Centrale de Makala comptait 348 femmes détenues au moment de l’incident. Initialement construite pour 1 500 détenus, la Prison Centrale de Makala en accueillerait aujourd'hui 14 505 prisonniers dont 348 femmes. La réalité de ce drame démontre les déficiences du système carcéral congolais avec des prisons surpeuplées dans tout le pays qui met, ensemble, dans un même lieu de détention non seulement les hommes et les femmes mais aussi les adolescent(e)s et les adultes.
UNFPA en première ligne dans le cadre de la réponse du système des Nations Unies
La zone de la prison étant fortement militarisée depuis cet incident dramatique, l’accès à la prison n’était pas autorisé aux organisations internationales comme de la société civile ni aux personnes tierces civiles. Les deux premiers jours (48 heures) après l’incident, l’accès à la prison n’était toujours pas possible. Le plus grand défi pour UNFPA en particulier était d’assurer la distribution des kits PEP à toutes les femmes survivantes du viol dans les 72 heures afin qu’elles puissent bénéficier du traitement prophylactique complet de 28 jours destinés à prévenir l’infection à VIH, du test de grossesse, du contraceptif oral d’urgence (‘pilule du lendemain’) ainsi que des premiers soins. Ainsi, le 04 septembre, dernier jour du délai, dans le cadre de la collaboration étroite avec le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), la stratégie adoptée par l’UNFPA fut de recourir à son partenaire de mise en œuvre (IP) du programme pays, en l’occurrence le Programme Militaire de Santé de la Reproduction (PMSR) du Corps de Santé Militaire (CorSM) des Forces Armées de la RDC. Ce 04 septembre à 11h00, UNFPA prit toutes les dispositions nécessaires pour transporter 2 kits PEP et 350 kits de dignité au Camp Lieutenant Général Kokolo où ils furent transbordés dans des véhicules militaires puis livrés à la Prison centrale de Makala. Les 2 kits PEP fournis par l’UNFPA devaient assurer la prise en charge de 120 femmes violées, les 148 autres femmes violées étant prises en charge avec des kits PEP fournis par la zone de santé de Selembao.
Au cours de l’après-midi du 04 septembre, les kits PEP furent distribués à toutes les 268 femmes survivantes du viol dont 17 adolescentes âgées de 15-19 ans et 48 jeunes filles âgées de 20-24 ans.
Quant aux kits de dignité, ils n’ont pu être distribués que bien après, le 09 septembre, à toutes les 350 femmes présentes à la Prison centrale de Makala dont 268 femmes violées, 78 femmes non violées et 4 femmes du comité du pavillon des femmes qui y travaillent. Dans les cas de viol, nous conseillons la distribution des kits de dignité à toutes les femmes sans tenir compte de la situation de victime afin d’éviter la stigmatisation et quel que soit le lieu de l’incident (carcéral ou non).
Ici, un kit de dignité comprend 15 items dont une trousse (contenant 4 Sous-vêtements/slips, 1 Peigne en plastique, 2 Savons de toilette 100 g, 2 Savons de ménage 400 g, 2 Dentifrices en tube 100 ml, 1 Brosse à dents, 1 Paire sandales ou babouches en plastique, 2 T-shirts simple col rond taille adulte, 1 Paquet de 6 serviettes hygiéniques en tissu réutilisables, 1 Eponge pour bain (frotteur), 1 Sac en tissu coton résistant, 1 Lampe torche, 1 Sifflet en plastique), 2 Pagnes (2 yards) et 1 Seau en plastique avec couvercle (20 l).
Le 11 septembre, UNFPA a appuyé a donné un appui financier pour le déploiement (transport et alimentation) pour une période d’un mois d’une équipe composée de 2 psychologues femmes et 3 médecins cliniciens chargée de la prise en charge médicale et psychosociale ou psycho-émotionnelle des victimes. Le 12 septembre, UNFPA a partagé avec le système des Nations Unies une note détaillée et mise à jour sur ses interventions centrées sur l'appui médical et psychosocial ou psycho-émotionnelle aux femmes victimes de violence sexuelle lors de la tentative d'évasion à la Prison Centrale de Makala. A la date du 18 septembre, l’équipe pour la prise en charge psychosociale n’a pu traiter que 26 femmes au cours de 3 séances. Il a été dès lors convenu de passer à la vitesse supérieure avec l’arrivée annoncée de psychologues militaires.