Les deux parties se sont rendues à Bukavu pour une semaine intense d'activités, à la rencontre de divers acteurs opérant localement
Les Groupe de Coordination des Partenaires (GCP), des délégués du Gouvernement et ceux des Organisation Non-Gouvernementales Nationales et Internationales ont mené une visite conjointe à Bukavu, dans la province du Sud Kivu, du 27 au 31 mai 2024. Cette visite intervient dans un contexte marqué par le désengagement de la MONUSCO et le processus de transition en cours dans la province.
Il était essentiellement question d’avoir une bonne compréhension des opportunités, des défis, des besoins en appui, capacités et financements pour une transitions réussie.
Echanges avec des parties prenantes à la base, visite des quelques projets et initiatives, réflexions internes, voilà autant d’activités ayant caractérisé cette visite à quelques jours seulement du retrait définitif de la Mission onusienne de la province du Sud Kivu.
La MONUSCO cessera sous peu ses activités au Sud-Kivu, tel que stipulé dans la Résolution 2717 du Conseil de Sécurité, plus précisément au 30 juin 2024. La plupart d’acteurs craignent l’impact négatif du départ sur certaines communautés, notamment en termes de protection des civils et des droits humains. D'autres dimensions, comme l’accès physique, la situation sécuritaire, la logistique et la vie socio-économique pourraient également être affectées.
''Ce qu’on peut constater est que la situation sécuritaire se dégrade dangereusement, mettant en mal la sécurité des civils et rendant progressivement l’accès difficile pour les humanitaires’’, soutien De Joseph Kakisingi, Coordonnateur du collectif des ONG Nationales.
La province du Sud Kivu fait face à
‘’des défis sécuritaires dans certains territoires, des conséquences humanitaires due à la situation sécuritaire qui date de plusieurs années… et des défis en termes de protection civile, y compris avec des implications de violation des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne les violences sexuelles,’’ souligne Bruno Lemarquis, Coordonnateur résident du système des Nations Unies et Co-Président du GCP.
Tenant compte des leçons apprises au Tanganyika, cette visite a été initiée pour que les parties prenantes se fassent un aperçu des solutions pour un développement durable en faveur de la province.
L’Equipe Provinciale Intégrée de Transition (EPIT), composée des autorités provinciales, des Nations Unies (MONUSCO et agences), ainsi que de représentants de la société civile et des ONG internationales, a élaboré une feuille de route provinciale de transition qui sera appuyée par les partenaires, dont les agences des Nations Unies, les ONGI, et la société civile.
Le processus de transition, soutenu par cette feuille de route, renvoie principalement au transfert des tâches de la MONUSCO au Gouvernement de la république. Ces tâches sont regroupées autour des axes prioritaires suivants :
Protection des civils
Sécurité
Droits de l’homme,
Renforcement de l’autorité de l’Etat dans le domaine de la justice
Désarmement, démobilisation, réintégration et stabilisation des ex combattants.
La transition n’est pas le point zéro
En visitant certaines initiatives en cours et grâce aux échanges entre les membres de la délégation et avec les acteurs locaux, cette mission a permis de reconnaître que le processus de la transition fait partie d’un système quasiment existant. Il sert plutôt à se réorganiser dans les interventions, en tenant compte de l’absence de la MONUSCO.
''Les agences des Nations Unies sont au Sud Kivu depuis longtemps, la Société Civile est très active dans la province ; les ONG nationales et internationales sont également nombreuses, y compris dans le domaine de la consolidation de la paix. Il y a également des partenaires bilatéraux, les partenaires multilatéraux et des institutions financières opérationnels en province ;’’ précise Bruno Lemarquis.
Les ONG nationales et internationales mentionnent plus de 263 projets en cours d’exécution dans le Sud Kivu avec l’appui de différents bailleurs dont les membres du GCP prenant part à la visite. Les Nations Unies annoncent aussi intensifier leur présence pour une bonne prise en charge du transfert des charges en intégrant la transition dans leurs opérations actuelles.
‘’Il est important d’éviter toute duplication et toujours se rassurer de la complémentarité et alignement entre différents plans,’’ insistent Evelien Boersma, Chef de mission Adjointe du Pays Bas et Co-Présidente du GCP, en précisant que ‘’nombreux projets de développement sont en cours avec le financement de différents bailleurs dans la délégation, des projets qui pourraient créer un pont jusqu’à la reprise définitive des tâches par le Gouvernement.’’
Légende: Le conseil de sécurité du Sud Kivu ainsi que les délégués du Gouvernement central en séance de travail avec la délégation du GCP
Le Gouvernement provincial prend au sérieux ses responsabilités dans le processus de transition, une option levée par le Gouvernement de la république en mettant en place des structures tant au niveau national que provincial pour suivre et coordonner l’ensemble du processus vers sa réussite. Voilà pourquoi Gaston Cissa Wa Numbe, Ministre Provincial ayant en charge la liaison avec la MONUSCO insiste et dit :
‘’Nous tous nous avons intérêt de ne pas rechuter ni retomber dans la situation des guerres civiles, d’insécurité, des violences et des violations graves des droits humains, qui prévalait avant.’’
A lui d’ajouter que le Gouvernement du Sud Kivu
‘’prend au sérieux ses responsabilités de pouvoir garantir la sécurité de la population et d’assurer la protection des groupes vulnérables.’’
Cette visite a été très enrichissante pour le GCP, ont reconnu la plupart des membres de la délégation ; reconnaissant qu’il y a déjà un certain nombre d’effets négatifs à la suite du retrait de la MONUSCO, ces partenaires financiers restent favorables au processus de transition mis en place.
‘’Nous aurions voulu être associé à l’élaboration de la feuille de route de la transition pour mieux l’intégrer dans notre planification. A cette étape, pour 2024, nous allons assurer le suivi de sa mise en œuvre et poursuivre le plaidoyer de son financement auprès du Gouvernement mais aussi de nos ambassades. Il n’y a pas toujours beaucoup de fonds additionnels ; mais on peut toujours s’adapter et voir ce qu’on peut faire.’’ Conclut Evelien Boersma.
‘’En fonction des besoins exprimés et en construisant sur tout ce qui est déjà en cours, les partenaires sont disposés à appuyer ce transfert des tâches, pour une transition réussie. La MONUSCO part, les Nations Unies restent, nous allons intégrer cette dimension transition dans notre planification.’’ ajoute Bruno Lemarquis.
Légende: La délégation en visite à un Centre d'Apprentissage Professionnel
Au-delà du Sud – Kivu, les conclusions et leçons tirées de cette visite serviront aux prochaines étapes de la transition dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri, d’où la MONUSCO devra se désengager dans les mois à venir. Et la grande recommandation à l’unanimité a été de s’y prendre à temps pour encore plus d’efficacité, plus d’inclusion et plus de coordination du processus de transition.