Premières sanctions contre les auteurs des violences sexuelles en milieu scolaire à Kikwit
L'intensification de la sensibilisation ainsi que la mise en place des mécanismes de gestion des plaintes ont été des outils favorisants
La province éducationnelle de Kikwit, dans le Kwilu a enregistré une dizaine des dénonciations liée aux harcèlements, exploitations et abus sexuels en milieu scolaire durant l’année 2023. Le Directeur de la province éducationnelle, (PROVED), Espérant Mukengeshayi se dit déterminer à suivre tous les dossiers afin que les auteurs soient sanctionnés conformément à la loi et que les victimes obtiennent réparation.
Parmi les cas rapportés, nous avons suivi 7 cas qui se sont avérés vrais. Certaines dénonciations ont été faites par les parents et d’autres par des élèves eux même à travers les mécanismes de gestion des plaintes que nous avons installés dans les écoles de Kikwit » fait savoir le PROVED.
Il s’agit des premières sanctions prises dans la province éducationnelle de Kikwit où est implémenté le Projet d’Équité et de Renforcement du Système Éducatif PERSE qui sensibilise en autre à la prévention des violences basées sur le genre (VBG) en milieu scolaire.
A Kikwit, le projet est mis en œuvre par UNFPA avec différents partenaires d’implémentation sous financement de la Banque mondiale. Il appuie la mise en œuvre de la Stratégie sectorielle, la mise en place durable de la gratuité de l’enseignement primaire en RDC, ainsi que le renforcement des systèmes fondamentaux d’éducation.
avec l’appui technique de UNFPA et l’accompagnement de son partenaire MAGNA, nous avons, ces dernières années, assuré que tous les enseignants signent le code22 qui est le code de bonne conduite à la prévention des VBG en milieu scolaire. On a aussi demandé aux écoles d’accorder du temps aux sensibilisateurs qui passent dans des écoles pour parler aux enfants.
Une sensibilisation de proximité...
Les écoles primaires Muzey et Ndangu sont côte à côte, dans la commune de Kazamba. Elles ont été informées quelques jours avant de l’arrivée de l’équipe UNFPA pour la sensibilisation des écoliers, ce à quoi les 2 directeurs ont répondu favorablement.
La sensibilisation commence dans la cour de l’école primaire Muzey où près de 500 enfants sont sagement rangés pour écouter le message. La sensibilisatrice du jour est Madame Euphrasie Mihala, point focal VBG à la province éducationnelle de Kikwit.
Il y a quelques mois, nous avons été formés par UNFPA sur les VBG, surtout sur les questions liées à l’exploitation, abus sexuel ainsi que le harcèlement sexuels (EAS/HS) en milieu scolaire. Grâce au PERSE, nous avons obtenu de la part du PROVED, l’autorisation de circuler dans différentes écoles afin de sensibiliser les jeunes filles et garçons, et au retour nous leur demandons d’en parler aux parents à la maison » explique le point focal.
A Muzey, la sensibilisatrice se place au milieu de la cour et prendra 15 rapides minutes pour expliquer aux enfants les concepts clé de l’EAS/HS et les voies de dénonciation dont le 495555, la ligne verte établie pour appeler gratuitement lorsqu’on est victime ou témoin d’EAS/HS. Après les enfants, Mme Mihala prend environ 10 minutes pour parler aux enseignants réunis, debout, autour d’elle. Avec eux, elle discute des mécanismes de gestion des plaintes (MGP) ainsi que des sanctions prévues contre les auteurs. A l’école primaire Ndangu, le point focal VBG va reprendre les mêmes messages devant les enfants, avant de réunir les enseignants juste après.
...il en faut encore plus
A la province éducationnelle de Kikwit, on est formel : les chiffres ne reflètent pas la réalité.
Le projet PERSE globalement nous a beaucoup aidé à former les inspecteurs et enseignants, et surtout nous a doté d’une approche pour le contrôle d’effectifs. Mais en matière VBG, il y a encore beaucoup à faire. On est sûr et certains que par peur des regards et jugements, certains enfants et parents ne veulent pas dénoncer. On les comprend car c’est un long processus de changement de mentalité et on espère que UNFPA continuera à nous accompagner sur ce long chemin » lance le proved Espérant Mukengeshayi.
Pour Euphrasie Mihala, au délà de la peur, il y a aussi des barrières socio-culturelles. Elle précise que parler de tout ce qui a trait à la sexualité reste encore tabou dans plusieurs familles à Kikwit. L’autre défi, selon elle, est la zone de couverture car pour cette première étape seulement les écoles de Kikwit ont bénéficié d’une bonne sensibilisation alors que celles de l’intérieur où les besoins sont énormes, les sensibilisations y ont été très timides.
Du coté UNFPA on reconnait ces défis et inquiétudes évoqués. Pour la Spécialiste Programme Genre, Mireille Ikoli, Il s’agit d’un travail de longue haleine qu’il faut continuer à mener afin que les victimes arrivent à briser le silence :
Il faut davantage investir dans la sensibilisation et le renforcement de capacité du personnel pour que tout le monde ait une meilleure compréhension du contexte, explique -t-elle avant d’ajouter, de l’autre côté il faut s’assurer que les MGP fonctionnent efficacement et qu’on a une politique de protection contre les représailles pour pousser les membres du personnel éducatif à dénoncer », Conclue la spécialiste genre.
L’existence des MGP au niveau de l’EPST (Enseignement Primaire Secondaire et Technique) est un début de pérennisation car la prévention à l’EAS/HS en milieu scolaire ne doit pas être lié à un projet, fait remarquer Mme Ikoli, avant de plaider pour des actions en synergie dans la lutte contre les VBG afin de briser les barrières socio-culturelles.
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