Organisée du 25 novembre (Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes) au 10 décembre (Journée commémorative des Droits Humains) depuis 1991, la Campagne des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles vise à galvaniser l’engagement individuel et populaire pour la lutte et la prévention des violences à l’égard des femmes et des filles (VEF), un fléau mondial affectant une femme sur trois dans sa vie. Près de six femmes sur neuf (65%) en Afrique centrale seraient victimes de violence selon une étude menée par le Réseau des femmes élues locales d’Afrique. En RDC, 45,3% des femmes déclarent avoir été blésées ou frappées (CERED-GL, CEPFE, MINIGEFAE, ONU Femmes, 2016).
La violence à l’égard des femmes et des filles reste l’une des violations des droits humains les plus répandues et les plus généralisées dans le monde, y compris en République démocratique du Congo. 42,8% des femmes en RDC sont des survivantes de violences domestiques (CERED-GL, CEPFE, MINIGEFAE, ONU Femmes : 2016). Des violences qui pouvaient être évitées. Mondialement, plus de quatre femmes et filles sur cinq (86 %) vivent dans des pays sans aucune protection juridique solide ou dans des pays où les statistiques n’existent simplement pas. Tristement, la violence à l’égard des femmes et des filles reste encore banalisée bénéficiant de très peu d’engagement politique pour son éradication.
La problématique des violences basées sur le genre en RDC ne se limite pas qu’aux violences sexuelles. Une analyse des données de l’enquête démographique et de sante (EDS 2013-2014) sur les violences domestiques, réalisée par le CERED-GL, a démontré l’importance et la prévalence d’autres types de violences, à savoir : les violences physiques graves et moins graves, les violences émotionnelles ou psychologiques. Concernant les mariages précoces, selon l’enquête MICS 2017-2018, le pourcentage de femmes âgées de 20 à 24 ans qui étaient mariées ou en union avant l'âge de 15 ans et avant l'âge de 18 ans est respectivement de 8%, et 29%.
Pour l’édition 2023, les Nations Unies, sous l’égide du Secrétaire Général, commémorent les 16 jours d’activisme sous le thème : « TOUS UNiS ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles ». Un plaidoyer qui appelle les gouvernements, les institutions, le secteur privé ainsi que les citoyennes et citoyens à se mobiliser, s’engager et montrer à quel point ils ont à cœur d’éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles.
Malgré la recrudescence des violences à l’égard des femmes et des filles, seulement 0,2% de l’aide publique au développement globale est alloué à la prévention de la violence envers les femmes et les filles. C’est donc pour renverser cette tendance, que cette année un accent particulier est mis sur l'importance de financer les différentes stratégies de prévention pour ainsi empêcher la violence de se produire.
« Tous Unis ! Investir pour prévenir la violence à l’égard des femmes et des filles » est une campagne qui encourage les citoyens à montrer à quel point ils ont à cœur de mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles et à faire connaître les actions qu’ils mènent pour faire de ce monde un monde sans violence envers les femmes. Elle a aussi pour but d’inviter les responsables gouvernementaux du monde entier à expliquer quels investissements sont faits dans la prévention de la violence fondée sur le genre.
Les Nations Unies vont continuer à s’investir dans la prévention et la réponse aux violences envers les femmes et les filles, notamment les violences sexuelles, à travers des programmes innovants centrés sur les survivantes des violences et les communautés.» déclare Adama Moussa, Représentant de ONU Femmes.
Les organisations de défense des droits des femmes qui sont en première ligne dans la lutte, mais qui, paradoxalement, sont les moins nanties, souffrent d’un manque chronique de financement au niveau global, puisque bénéficiant de seulement 5% de l’aide publique au développement allouée à la lutte contre la violence envers les femmes. Or, en conjuguant les efforts, en allouant plus de financement aux organisations féministes il est possible d’aboutir à des résultats palpables :
- La fourniture de services salvateurs, une assistance holistique incluant les refuges, le conseil, l’assistance juridique et les lignes d’assistance téléphonique – ceci apporte une bouée de sauvetage aux survivantes et les aident à reconstruire leur vie.
- Plus d’appui aux femmes en situation d’urgence sanitaire et humanitaire - Le nombre de femmes et de filles vivant dans un contexte de conflit a augmenté de 50 % rendant des millions de femmes et de filles encore plus vulnérables à la violence basée sur le genre. En RDC, plus de 38.000 cas de violences basées sur le genre ont été signalés pour toute l'année 2022 dans le seul Nord-Kivu. Aussi, des études ont reporté des avancées significatives envers l’égalité des sexes lorsque les femmes participent activement à la gestion des conflits et des situations d’urgence et lorsque l’action humanitaire se concentre sur les organisations de défense des droits des femmes et les groupes autonomes.
- La diminution des actes de violences envers les femmes et les filles, à travers la fourniture de services aux femmes et aux couples ; des ateliers de sensibilisation pour les communautés et les individus, un numéro vert (495555) et d'autres activités qui favorisent l'information sur la violation des droits de l’homme qu'est la violence contre les femmes et les filles, et comment la prévenir.
L’ONU en RDC organisera une série d'événements du 24 novembre au 10 décembre, reflétant le thème de cette année, pour encourager l’engagement en faveur de la prévention de la violence envers les femmes et les filles. Elle se tient aussi aux côtés du Gouvernement en soutenant le ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant qui lancera officiellement la campagne le samedi 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Le Système des Nations Unies en RDC accompagne, par ailleurs, les organisations de défense des droits des femmes dans leurs efforts de créer une société plus sûre, plus équitable et plus juste pour les femmes et les filles du monde entier, ainsi qu'un avenir plus radieux et plus prometteur pour tous.
Dans un monde où le besoin d'égalité des sexes et de prévention de la violence reste urgent, les gouvernements et les institutions doivent reconnaître, renforcer et investir dans les efforts inébranlables des organisations de femmes