Miketo : quand les projets du PBF renforcent le vivre ensemble
28 décembre 2022
Le Fonds pour la Consolidation de la Paix a financé trois agences des Nations Unies pour un projet de cohabitation pacifique dans cette localité du Tanganyika
Située à 35 km de la ville de Kalemie, chef-lieu de la province du Tanganyika, la localité de Miketo vit, depuis quelques mois au rythme d’actions et initiatives visant à renforcer la cohabitation pacifique et la cohésion sociale entre les communautés Twa et Bantous.
En effet, depuis le lancement du projet financé par le Fonds pour la Consolidation de la Paix (PBF, sigle anglais de Peace Building Fund).) intitulé Solutions durables pour la cohabitation pacifique entre les communautés Twa et Bantou, le vent de la paix souffle dans cette localité.
Les communautés Twa et Bantous de cette partie du territoire du Tanganyika ont vu les agences UNHCR, FAO et UNFPA s’engager conjointement dans des actions à travers la construction d’ infrastructures sociales de base ( école et maternité) et la création d’une chaine de valeur agricole (distribution de semences, construction d’un marché locale et d’un moulin) et la redynamisation de la mobilisation communautaire à travers les activités de sport et loisir ainsi que la mise en place d’un mécanisme communautaires de prévention et de règlements des conflits.
Projets à impacts directs
Au cours de la visite des membres du comité de pilotage du Fonds pour la consolidation de la Paix, les bénéficiaires ont démontré l’impact de ce projet dans leur quotidien à travers leurs témoignages.
La localité a accueilli de nombreux retournés ; il a été identifié, pour certains, comme un village de relocalisation parce que tous les mécanismes de la paix ont été regroupés ici. Le village Miketo a accueilli les populations de neuf villages attirés par la construction de ces infrastructures qui représente la matérialisation des solutions durables. L’école tout comme la maternité accueillent les populations des deux communautés,
explique Mme Cathie Monni, cheffe par intérim de la sous-délégation du HCR dans le Tanganyika.
Un bâtiment de huit salles de classe, un bloc administratif et des latrines, équipés, en matériaux durables et flambant neufs aux couleurs de la paix (bleu et blanc), c’est le nouveau visage de l’Ecole Primaire Mulongoy de Miketo, accueillant actuellement 845 élèves venant des deux communautés, dont environ 45% d‘enfants Twa.
D’une capacité de six lits, une salle d’accouchement, avec équipements appropriés, la maternité de Miketo, située à près d’un kilomètre de l’école, au milieu du village, accueille toutes les femmes enceintes, sans discrimination. Quatre nouveaux nés et leur maman s’y trouvent. C’est avec joie que la sage-femme indique que les nouveau-nés garçons et filles sont de deux communautés Twa et Bantou.
C’est une première dans notre village d’avoir de pareils ouvrages. Ils contribuent à la cohabitation pacifique entre les deux communautés étant donné que leur état attire les ménages autre fois en déplacement. Les enfants peuvent étudier dans des conditions acceptables, dans des salles de classe équipées en bancs, à l’abri des intempéries. Les femmes donnent naissance désormais dans un environnement approprié et sûre. Nous saluons ces réalisations,
témoigne M. Adama Bin Abasi, Secrétaire administratif du groupement de Miketo.
Les nouvelles mamans rencontrées à la maternité de Miketo ont reconnu qu’au-delà de la visée de cohabitation pacifique, la maternité leur donne désormais un cadre d’accouchement sécurisé et sain.
Au lieu d’accoucher à la maison, sans assistance de la sage-femme et souvent à même le sol, nous avons ici un lit d’accouchement et une assistance technique, mais aussi un lieu agréable où nous passons notre séjour après naissance avec nos bébés. On donnait naissance le plus souvent dans la brousse et avec les plus grands risques,
témoigne une des nouvelles mamans.
En plus de la construction de la maternité et de l’école, à travers La Ligue de la Zone Afrique pour la défense des Droits des Enfants et Elèves (LIZADEEL), une ONG nationale, le projet a mis en place un groupe d’animateurs communautaires.
Ces animateurs communautaires contribuent au maintien du climat de cohabitation pacifique en mettant sur pieds des initiatives intercommunautaires mais aussi en passant des messages de sensibilisation sur le ‘’vivre ensemble’. C’est aussi dans ce sens que nous avons constitué deux équipes de football. Pour chaque rencontre, les 22 acteurs ; des jeunes Twa et Bantous constituent les deux équipes mixtes;
précise M. Jacques Kichasa, Coordonnateur de la Lizadeel dans la zone Est, basé à Kalemie.
Défis de pérennisation
Les ‘’solutions durables’’ aux problèmes des personnes qui subissent le déplacement forcé doivent leur pérennisation à un ensemble de conditions minimales. Les bâtiments construits et équipés sont là et les animateurs communautaires aussi. Ça ne suffit pas ; il y a un personnel mais aussi des besoins à couvrir pour le déploiement sur terrain.
Le personnel de l’école tout comme celui de la maternité qui sont des structures publiques ne dispose pas d’un salaire régulier. Lors de notre visite, il nous est rapporté que deux enseignants ont été dans l’obligation d’arrêter les cours depuis quelques jours faute de salaire. Ils ont été engagés pour répondre au problème de surpeuplement – conséquence de la qualité de l’ouvrage réalisé – des salles de classe, dans l’objectif de désengorger les classes du niveau élémentaire.
Nous avons pris bonne note de la situation du personnel et nous allons porter le plaidoyer au Gouvernement afin que le personnel de cette école et de la maternité soient inscrits sur les listes de paie de l’Etat;
promet le Ministre du Plan, Christian Mwando Nsimba.
Par la voie du Coordonnateur Résident, Mr Bruno Lemarquis ; les Nations Unies ont rassuré de poursuivre le dialogue avec les autorités aux niveaux national et provincial, afin que ces plaintes ne se transforment pas en obstacles à la pérennisation des acquis.
Un des points dont nous avons discutés est d’assurer la pérennisation du projet pour éviter que les investissements tombent à l’eau. Quand on construit des ouvrages telles qu’une école, une maternité comme dans la localité de Miketo, il faut assurer un suivi et, que les salaires du personnel soient payés. Ce sont les discussions que nous allons avoir avec les autorités;
a déclaré le Coordonnateur résident du système des Nations Unies, Bruno Lemarquis.
Au cours de la réunion du Comité de pilotage conjoint du Fonds pour la consolidation de la paix, tenue le 5 décembre 2022 les membres ont reconnu l’apport des réalisations accomplies jusqu’à présent dans la recherche de la cohabitation pacifique entre les communautés dans la province du Tanganyika. Ils ont aussi convenu de la nécessité d’accorder une attention aux autres facteurs entourant les investissements faits afin de maintenir les acquis au-delà des périodes de mise en œuvre.