Transcription de la conférence de presse ONE UN du 18 septembre 2019
La conférence de presse des Nations Unies était animée à partir de Kinshasa par Mathias Gillmann, porte-parole de la MONUSCO par intérim.
Porte-parole de la MONUSCO par intérim [Mathias Gillmann] : Bonjour à tous et bienvenue à cette nouvelle Conférence de presse des Nations Unies en République démocratique du Congo. Merci aux auditeurs de Radio Okapi de leur fidélité et bonjour aux collègues de Goma qui ne tarderont pas à nous rejoindre.
J’ai le plaisir de recevoir aujourd’hui le Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, Claude Jibidar.
Je vais commencer avec quelques nouvelles de la MONUSCO et plus précisément de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo, Leila Zerrougui, a quitté Kinshasa hier soir pour New York où elle retrouvera, entre autres, le Président Félix Tshisekedi, au Sommet mondial de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Comme vous le savez, le Sommet mondial réunit la plupart des dirigeants mondiaux et Mme Zerrougui participera à des panels et des débats thématiques qui concernent directement la RDC : elle entend porter la voix de tous les progrès qui ont été faits récemment dans le pays. Elle entend donc porter un message positif pour demander l’appui de la communauté internationale afin de consolider les acquis et de poursuivre les efforts de stabilisation du pays.
Le Sommet mondial est une occasion unique pour la Représentante spéciale de plaider le soutien à la RDC et la mobilisation des ressources nécessaires, notamment à nos programmes de Désarmement, Démobilisation et Réintégration, en particulier dans les provinces du Kasaï et du Tanganyika où les possibilités de tourner la page des conflits sont les plus fortes.
Il s’agit aussi, pour Mme Zerrougui, d’attirer l’attention internationale sur les risques qui persistent, en matière de sécurité dans l’Ituri et les Kivu, où la lutte contre les groupes armés continue, ainsi que sur la nécessité de combattre Ebola tout en soutenant l’amélioration des systèmes de santé en RDC pour ne pas laisser de côté les autres urgences sanitaires que connaît le pays : rougeole, paludisme et choléra, notamment.
Vous avez également vu que lundi, la Représentante spéciale a aussi exprimé sa vive préoccupation face à l'aggravation des violences dans la région de Minembwe, située dans les Hauts Plateaux du Sud Kivu. Des milices se sont affrontées dans la région ces derniers jours et des villages ont été attaqués, entraînant des pertes en vies humaines et de nombreux déplacements de population.
La Mission renforce ses moyens de protection des civils dans cette zone pour soutenir les autorités congolaises et appelle les acteurs de ce conflit à mettre fin à la violence.
Dès le 9 septembre, la MONUSCO avait déployé ses hélicoptères d'attaque en soutien aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et a aussi intensifié ses patrouilles de dissuasion, et une base temporaire a été établie à Mikenge le 12 septembre pour renforcer la protection des civils dans la zone, en plus de la base installée de manière plus permanente à Minembwe.
La Représentante a appelé tous les leaders nationaux et provinciaux originaires des territoires de Fizi, Mwenga et Uvira, à dénoncer les attaques ciblées sur les communautés ou sur leurs représentants et chefs coutumiers, dépasser leurs différences partisanes et exercer leur influence pour mettre fin à ses violences.
La MONUSCO est mobilisée auprès des autorités congolaises pour appuyer leurs efforts et continuera d'apporter tout le soutien et la protection possibles aux populations de la zone.
A Butembo, la Police des Nations Unies a lancé la semaine dernière la Stratégie de Lutte contre l'Insécurité (SOLIBUT), une initiative de la police des Nations Unies inaugurée par le Coordonnateur des interventions d’urgence contre Ebola, David Gressly, en présence des autorités civiles et policières de la ville.
Pour ce projet, deux numéros d’appels d’urgence ont été mis à la disposition de la population. Il s’agit des numéros 0811050066 et 0970046972. Les appels sur ces numéros verts devront permettre à la Police Nationale Congolaise (PNC) de répondre rapidement aux attaques criminelles afin de protéger les populations civiles.
La stratégie inclut aussi le volet de la formation et d’appui logistique à la PNC, notamment des appuis en carburants et en vivres.
Toujours dans le cadre de la lutte contre Ebola, 1 092 détenus de la prison centrale de Beni, Kangwayi, le personnel d’encadrement, et de la sécurité de la prison (police et armée) ont été sensibilisés vendredi dernier par la MONUSCO. Une activité essentielle dans cet établissement pénitentiaire prévu au départ pour seulement 250 détenus e qui en accueille donc plus de 1 000.
Dans l’Ituri, la MONUSCO a remis vendredi aux autorités coutumières locales les routes de dessertes agricoles Kaswara-Bavi et Soke-Bavi, longues d’environ 30 kilomètres en chefferie de Walendu Bindi, ainsi que le tronçon Bogoro-Bunia, long de 20 kilomètres. Les travaux de réhabilitation de ces tronçons ont été exécutés dans le cadre des projets d’appui à la réduction des violences communautaires, grâce au travail d’environ deux mille personnes, notamment des démobilisés et des mères célibataires.
Les Nations Unies célèbrent ce samedi 21 septembre 2019, la Journée internationale de la paix autour du thème : « Action climatique, action pour la paix ». Dès aujourd’hui, une campagne de diffusion des messages de sensibilisation sur la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement a débuté.
La Mission organise également une marche de paix, qui partira à 8 heures ce samedi de la Gare Centrale de Kinshasa jusqu’à la ‘’Place des Evolués’’ dans la commune de la Gombe. Cette marche sera suivie d’une plantation de l’arbre de la paix et de la fraternité, ainsi que d’un lâcher de colombes, symbole universel de paix. Venez nombreux.
A Goma aussi, la Journée sera célébrée avec un millier d’écoliers d’un groupe scolaire et de plusieurs autres écoles, au quartier Kyeshero, non loin de la nouvelle cathédrale en construction. L’objectif est d’amener les jeunes écoliers et les éducateurs à prendre conscience des actions climatiques et de paix à mettre en œuvre pour la protection de l’environnement et pour le rétablissement d’une paix durable dans le Nord-Kivu.
Enfin du côté des Actualités des Agences, Fonds et Programmes, je voulais vous signaler qu’environ 70 femmes qui souffrent de fistules ont déjà bénéficié d’interventions chirurgicales gratuites à l’hôpital général de Bunia, dans le cadre de campagne de réparation lancée depuis le 21 août grâce au financement du Fonds des Nations pour la Population (UNFPA). D’autres femmes qui souffrent de cette condition sont invitées à se faire connaître pour bénéficier des soins gratuits.
Le Programme des Nations Unies pour le développement a inauguré la semaine dernière un Bureau à Kananga, dans un effort de décentralisation visant à rapprocher le PNUD des populations des Kasaï, en présence du Représentant spécial adjoint, Coordonnateur humanitaire et résident, David McLachlan-Karr, et du Gouverneur du Kasaï Central, Martin Kabuya.
Ce mardi, hier, Mr. McLachlan-Karr et Mr. Kabuya se sont retrouvés à Kananga pour un atelier Nexus. Cette approche réunit les acteurs humanitaires, de développement et de paix dans un cadre commun de résultats. Objectif, combler le fossé entre les besoins humanitaires et les besoins de développement, pour à terme, réduire les besoins humanitaires.
Sur ce, je vais donner Représentant du Programme alimentaire mondial, nos collègues militaires sont malheureusement indisponibles aujourd’hui, mais je tâcherai de pallier leur absence.
Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, [Claude Jibidar] : Merci pour cette opportunité Mesdames, Messieurs. C’est d’abord, avant tout pour moi un plaisir de pouvoir jouer ici un rôle d’avocat pour essayer d’apporter une assistance accrue à des gens qui sont dans un besoin vraiment crucial en RDC. Et je vais parler de la situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle que connaissent des millions de Congolais.
Vous le savez, mieux que moi, la crise humanitaire est difficile en RDC, non seulement elle est difficile mais elle est aussi complexe. Complexe parce que nous faisons face à toute une série de problèmes, à commencer par le problème de déplacements des populations liés aux conflits, au fait que la grande majorité de Congolais vivant dans les zones rurales sont des gens qui se nourrissent parce qu’ils ont réussi à cultiver. S’ils n’ont pas cultivé, ils n’ont pas d’autres moyens d’accéder à la nourriture.
Donc, quand ces gens sont confrontés à des situations de déplacements massifs comme on l’a connu au cours de dernières années, quand ces gens se retrouvent loin de leurs champs, qu’ils ratent non pas une, non pas deux mais quelquefois trois saisons agricoles successives, vous vous doutez bien que nous avons une situation qui, pour ces gens, devient dramatique.
Et la résultante de cela, c’est que l’année dernière, malheureusement la RDC a été classifiée comme la deuxième crise alimentaire au monde après le Yémen. Ce n’est même pas le fait que la RDC soit la 2e, mais c’est pour moi le fait que la RDC puisse même faire face à une crise alimentaire, parce que s’il est un pays au moins dans le continent que je connais, qui est le continent africain, un pays qui a toutes les potentialités, c’est bien la RDC.
Allez parler à nos collègues d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, on ne peut comparer le potentiel agricole du Sahel avec le potentiel agricole de la RDC. Donc, c’est cela d’ailleurs qui me choque : le fait même qu’il y ait une crise alimentaire dans ce pays.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que les chiffres au cours de trois dernières années se sont détériorés année après année. En 2017, notre exercice de classification intégrée de la sécurité alimentaire nous a permis d’évaluer à 7, 7 millions le nombre de gens en situation alimentaire sévère dans ce pays. C’est-à-dire 7, 7 millions de gens qui ont un besoin immédiat d’assistance alimentaire. Ce chiffre est passé à 13,1 millions en 2018.
Nous avons aujourd’hui les résultats préliminaires de 2019. Résultats que nous devons encore discuter, valider auprès des autorités, mais résultats qui ont été acquis par le travail de différentes unités techniques, de différents ministères.
Et bien, ce chiffre nous amène à 15, 6 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire sévère.
Je dis sévère parce qu’il existe aussi d’autres gens qui sont en situation d’insécurité alimentaire qui n’est peut-être pas sévère et je suis sûr que vous en connaissez. Ce sont les gens qui n’arrivent pas à avoir plus d’un repas par jour. Ce sont les gens qui, quelque fois, sont obligés de sauter un plat. Ce sont des gens qui, quelquefois, vont se nourrir mais ne vont pas nécessairement se nourrir de manière adéquate.
Et bien ces gens-là, ils représentent encore environ 45 % de cette population. Et si vous faites le calcul, ce que cela veut dire, c’est qu’il y a près de 70 % de la population de ce pays qui ne se nourrit pas correctement. C’est cela la réalité, c’est cela qui me choque. C’est cela qui, je pense, vous choque aussi.
Et c’est là-dessus que les Nations Unies, dans leur ensemble avec le PAM, la FAO, l’UNICEF, l’UNFPA, tous les acteurs, ONG, société civile et la MONUSCO, essayons de travailler.
Alors que fait plus précisément le PAM dans ce cadre ? Nous menons toute une série d’actions qui pour, je dirai, leur plus grande part, se résume à apporter une assistance alimentaire aux gens qui sont dans les besoins les plus cruciaux. Et ce sont principalement les populations déplacées. Les populations qui se retrouvent dans des situations où elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins parce qu’elles n’ont rien elles-mêmes ou parce qu’elles sont dans des situations où les communautés ne peuvent pas les aider.
Vous le savez mieux que moi, le gros du travail d’assistance [apportée] aux gens qui sont dans le besoin est donné par les communautés hôtes elles-mêmes. Mais à terme, ces communautés hôtes elles-mêmes se retrouvent dans une situation qui est difficile.
Alors, ce que nous faisons, nous essayons d’apporter une assistance. L’année 2019, nos plans sont d’assister environ 5,1 millions de personnes. L’année dernière, nous avons assisté 5,2 millions de personnes. Et nous avons, pour cela, acheté de la nourriture, importé de la nourriture. Nous avons acheté localement 53 000 tonnes de nourriture, c’est ce que le PAM a acheté localement l’année dernière pour nourrir les Congolais.
Mais nous avons aussi fait venir de la nourriture de l’extérieur parce que, malheureusement, la production agricole de la RDC telle que nous l’avons évaluée conjointement avec le gouvernement l’année dernière, fait état d’un grand déficit de production. La RDC ne produit pas assez pour se nourrir, et pourtant Dieu sait qu’elle a le potentiel. Cela veut dire que la RDC se retrouve à importer de la nourriture. Et vous le savez aussi mieux que moi, il y a pas mal de nourritures qui sont importées des pays voisins.
Tout ceci pour dire que notre assistance, nous essayons de l’apporter sur des durées qui varient en fonction des situations, en fonction des gens qui sont affectés. Et nous essayons d’apporter une assistance entre 1 et 6 mois.
Masi nous essayons de mener cette assistance de manière aussi coordonnée que possible avec d’autres acteurs. Et ici je pense particulièrement à la FAO avec qui nous essayons, non seulement de donner de la nourriture, mais aussi d’apporter des semences au populations pour qu’elles puissent elles-mêmes se prendre en charge.
Alors en termes de semences, cela va être quelques fois des semences maraîchères parce que les gens se sont déplacés, ils n’ont pas réellement accès à la terre. Mais conjointement avec les autorités locales, on arrive quelquefois à faire en sorte que ces populations puissent avoir accès à de la terre où ils peuvent alors planter dans des bas-fonds et produire au moins des légumes dont ils vendent une partie et se nourrissent de l’autre partie.
Et dès que possible, dès que les communautés retournent chez elles, retournent sur leurs terres, nous essayerons d’enclencher une autre assistance où là, ils vont recevoir des semences vivrières, des appuis techniques pour pouvoir produire et se prendre en charge.
Vous savez, autant les populations vivent des drames ici, autant quand même au Congo, dans beaucoup d’endroits, on fait deux récoltes, trois récoltes. Donc, cela veut dire que si on peut assister les gens au bon moment, ces gens peuvent planter, récolter et se prendre en charge.
Et c’est cela qui, souvent, donne cet espoir que si on arrive à avoir un peu de stabilité, et bien cette situation d’insécurité alimentaire peut être adressée très rapidement.
Et c’est un peu ce que nous essayons de faire constamment. Mais comme vous le savez, les problèmes surgissent les uns après les autres et à différents endroits.
Vous avez certainement entendu parler de certains des problèmes sur lesquels nous avons travaillé ces derniers temps, la situation des déplacés en Ituri, des gens qui étaient déplacés en Ituri. Au mois de mai, juin, nous avions tous de l’espoir et avions tous commencé à travailler à aider ces populations déplacées à retourner chez elles. Et malheureusement, une crise est encore venue, des violences ont encore apparu et les populations ont encore été déplacées.
Et le pire, c’est que, ces gens pour ceux qui avaient cultivé, ils devaient récolter et beaucoup de ces gens n’ont même pas eu l’opportunité de récolter et se sont retrouvés déplacés. Cela veut dire que ces gens aujourd’hui ont besoin d’assistance.
Vous avez entendu parler des expulsés d’Angola. Plus de 600 000 personnes qui sont arrivées dans les Kasaï. Un certain nombre [d’entre eux] ont été assistés, il y en a qui continuent à arriver. Une situation qui est dure, qui est difficile. Une situation avec laquelle nous essayons de travailler avec le gouvernement, les autres partenaires, le HCR pour essayer d’apporter un soutien à ces gens.
Vous avez entendu parler tout à l’heure de la situation des déplacés du Sud-Kivu. On a parlé des hauts plateaux de Minembwe, de Fizi et autres. Voilà une situation où on a eu des déplacés il y a quelques mois. Nous avons apporté l’assistance à plus de 30 000 personnes, nous étions en fait en train de continuer l’assistance à des gens qui avaient été déplacés quand une deuxième vague de violence s’est développée.
Donc, cela veut dire qu’aujourd’hui, nous finalisons des plans pour pouvoir assister encore plus de 40 000 personnes entre Fizi, Mulima, Mikenge et Minembwe.
Je ne pourrais pas parler de ceci sans toucher un mot sur la réponse Ebola. Juste pour vous dire qu’un des rôles que le PAM joue dans la réponse Ebola, c’est d’apporter une assistance alimentaire d’abord aux personnes qui sont sous traitement. Non seulement une assistance alimentaire mais une assistance nutritionnelle, parce qu’un corps qui se bat contre la maladie, c’est un corps qui doit être bien nourri, nutritionnellement bien pris en charge. Ça, nous le faisons pendant qu’ils sont là mais aussi quand les gens sont sortis de là.
Nous apportons aussi une assistance alimentaire aux personnes qui sont dites personnes de contact. C’est-a-dire les personnes qui ont été en contact avec quelqu’un d’autre et qui pendant 21 jours doivent être suivies pour pouvoir être prises en charge si leur situation devait se détériorer, si ces gens devaient développer les symptômes.
Donc, ces gens, nous essayons de les aider à ce que la nourriture ne soit pas un problème, que la nourriture ne soit pas la raison pour que ces gens [doivent] se déplacer et que ces gens puissent eux-mêmes directement ou indirectement contaminer d’autres et aider à la prolifération de la maladie.
Ces gens représentent près de 600 000 personnes qui ont reçu de l’assistance depuis le début de cette réponse Ebola pour essayer de les garder chez elles.
Mais à part cela, dans les trois provinces qui ont été affectées, soit le Sud-Kivu, le Nord-Kivu et l’Ituri, vous avez peut-être entendu dire que, oui, tout à fait à juste raison, que la réponse des Nations Unies n’est pas uniquement une réponse Ebola, c’est une réponse pour toute la communauté.
Je peux vous dire que [dans] la réponse dans ces trois provinces, depuis qu’Ebola a commencé on a assisté 600 000 directement pour Ebola, mais c’est plus de 2, 3 millions de personnes qui sont assistées en aliments, en nourritures dans cette zone-là. Donc, c’est une approche qui consiste à aider tous les gens qui sont affectés par Ebola directement ou indirectement.
Nous essayons aussi en ce moment de voir comment mettre en place des activités spécifiques. Par exemple, des cantines scolaires pour aider les enfants dans ces zones-là à retourner à l’école, à s’inscrire à l’école et à les ramener dans un semblant de normalité.
Je ne peux pas parler de la situation ici sans parler de la situation des réfugiés. Vous le savez, le Congo est un pays généreux qui accueille malgré ses propres problèmes, près de 550 000 réfugiées d’autres pays à qui la RDC a donné asile. Ce sont des Centrafricains, ce sont des Sud-soudanais, ce sont des Rwandais, ce sont des Burundais qui sont répartis sur ce territoire.
Environ un quart de ces gens sont dans des camps. Et ceux qui sont dans des camps, nous essayons de leur apporter une assistance alimentaire aussi régulièrement que possible, si possible tous les mois. Nous essayons d’apporter une assistance en cash pour que les gens puissent utiliser ce cash pour accéder au marché.
Et laissez-moi faire une parenthèse ici pour vous dire qu’à cette date-ci, au jour d’aujourd’hui, le PAM a distribué en RDC plus de 32 millions de dollars en assistance. C’est-à-dire, du cash qui est donné aux gens qui sont dans le besoin, pour que ces gens puissent aller au marché, puissent acheter au marché les denrées dont ils ont besoin et les commodités dont ils ont besoin.
Mais il est clair qu’il y a des endroits où malheureusement les marchés ne fonctionnent pas et où là il y a besoin d’un apport alimentaire en nature. Donc, nous balançons les deux et essayons d’apporter cette assistance en cash partout où cela est possible et cela permet alors de motiver les marchés. Et je dirais quelque part d’aider aussi à ce que des paysans qui produisent, pour ceux qui arrivent à produire, qu’ils puissent avoir des débouchés.
Mais je dirais, l’objectif c’est que nous essayons, ce que nous voudrions, c’est bien sûr sauver des vies. Et je suis de ceux qui disent que c’est vrai qu’en RDC, au cours des deux dernières décennies, nous avons sauvé beaucoup de vies conjointement avec les ONG, les Nations Unies et le Gouvernement.
Mais là où nous avons probablement un peu failli et là où nous essayons vraiment de mettre l’accent, c’est que non seulement nous voulons sauver des vies, mais nous voulons arriver à changer la vie des gens, à faire en sorte que ce cycle de souffrance, de déplacement, de malnutrition, qu’on puisse y apporter une fin.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que nous essayons par tous les moyens de passer progressivement vers un renforcement de la résilience des communautés.
Faire en sorte que - des crises il y en a, des crises il y en aura, que ce soient des crises climatiques, que ce soit d’autres types de crises-, mais ce que nous voulons, c’est de faire en sorte que les communautés aient les moyens de se remettre sur pied elles-mêmes. Et c’est là-dessus que nous essayons de travailler.
Et je sais, certains d’entre vous me direz, - et je l’ai entendu bien des fois-, où on dit oui, apprenez aux gens à pêcher au lieu de leur donner à manger. Le problème, ce n’est pas de leur apprendre à pêcher, ils savent pêcher, c’est de leur donner les moyens de pêcher. Je ne connais pas un agriculteur congolais qui ne peut pas produire, plus que ce qu’il produit aujourd’hui.
Et certains d’entre vous savez que la première fois que je suis venu travailler dans ce pays, c’était il y a vingt ans et je suis revenu. C’est la troisième fois que j’ai un poste dans ce pays. Et j’ai fait ce pays de long en large, j’ai rencontré énormément d’agriculteurs. Leur problème, ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas produire, ils produisent, mais il faut qu’ils aient des débouchés.
Vous le savez, des gens qui sont de l’Equateur, allez à Bumba, vous connaissez tous les problèmes de Bumba où il y a du riz qui pourrit parce qu’on n’arrive pas à l’évacuer. Vous allez à Kisangani, vous allez à Kananga, vous allez à Tshikapa, vous allez trouver des gens avec un sac de 100 kilos sur un vélo qu’ils vont pousser pendant 25 km, passer deux jours pour arriver et aller vendre cette nourriture sur le marché. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’infrastructures pour aider à évacuer. C’est ce que nous essayons de faire.
Cela veut dire quoi, pousser et aller progressivement vers la résilience ? Cela veut dire qu’en partenariat avec les gouvernements locaux, avec particulièrement la FAO, avec l’UNICEF et d’autres, nous essayons de voir comment nous pouvons développer la chaîne de valeur de l’agriculture. D’abord comme j’ai dit, aider les gens à produire, faire en sorte que ces gens puissent non seulement se nourrir mais aussi se développer grâce à leurs productions.
Alors cela passe par toute une série d’activités, certaines vous étonneront, mais par exemple l’alphabétisation, l’alphabétisation des femmes fait partie de ce programme.
D’autres choses comme la création d’actifs : aider les communautés à créer – je ne sais pas – des entrepôts où elles peuvent entreposer leur nourriture, des entrepôts qui soient bien faits pour que ça soit aéré ; aider ces gens à réduire les pertes après récoltes.
Vous savez que dans ce pays, quelqu’un qui récolte 100 kilos en moyenne va perdre 20 à 30 kilos de ces récoltes, soit qui vont pourrir, soit qui vont être mangés par les bêtes, simplement parce que les techniques de réduction des pertes ne sont pas assez développées.
Donc, voilà un travail qui est fait avec ces communautés : quelqu’un qui perd 20, 25%, 30% de sa production, ces 25, 30%, c’est ce qui va faire que cette personne va pouvoir normalement, soit se nourrir correctement ou gagner de l’argent à travers sa production.
C’est la réhabilitation des infrastructures : ça veut dire, dans certains endroits, c’est un travail qui est fait avec les communautés, – pour que les communautés aident à réhabiliter les routes pour que les routes soient accessibles, pour que pendant la saison des pluies, ils puissent quand même accéder aux marchés. C’est aussi bien sûr apporter un soutien direct à ces communautés : un soutien en aliments, un soutien en nutrition.
C’est aider à ce que ces gens puissent avoir accès à l’eau potable, et c’est aussi apporter une assistance pour que les enfants, les femmes, les hommes puissent être proprement nourris. Et ce type de projets sont des types de projets qui sont en train d’augmenter en nombre. Aujourd’hui, c’est presque 500 000 personnes qui bénéficient de ce type de projets. Mais ce qu’il y a, c’est que ce type de projet n’est pas un projet que nous pouvons mettre en place en un mois, en deux mois, en six mois. Ce sont des projets de trois, quatre ou cinq ans.
Et vous savez, aujourd’hui, le plus gros défi dans ces projets, c’est cette stabilité dont nous avons besoin pour cette période de trois, quatre à cinq ans. Donc, mon premier message – et vous le savez, certains d’entre vous m’ont entendu le dire – nous pouvons faire ce que nous voulons, mais nous n’arriverons à des résultats définitifs que si nous avons la stabilité et si nous avons la paix des communautés.
Je vais finir par vous parler de la nutrition parce que la nutrition est un problème qui nous concerne tous. La sécurité alimentaire, trouver à manger, oui : on peut trouver à manger et j’espère qu’on arrivera à produire assez dans ce pays.
Mais la problématique de la nutrition est un problème qui est plus pernicieux, qui est probablement un problème qui requiert plus de temps, plus d’attention : c’est un fléau. Et c’est un fléau qui affecte près de la moitié des enfants dans ce pays : la malnutrition. C’est quoi ? C’est la conséquence d’un mauvais apport nutritionnel, les gens ne mangent pas bien, ils manquent des denrées dont ils ont besoin, ils manquent de minéraux, ils manquent de protéines. Mais tout ça s’est associé aussi avec des problèmes de manques de soins, les maladies : un corps qui est malade n’est pas un corps qui peut absorber de manière efficace ce dont il a besoin.
Un enfant qui vomit, c’est un enfant qui n’absorbe pas ce qu’il a mangé. Donc, le manque d’accès aux soins de santé est un problème. Et je parlais de l’accès à l’eau potable parce que l’eau potable est génératrice, comme vous le savez, de beaucoup de maladies.
Tout ça fait que la malnutrition est devenue un fléau généralisé dans le pays, qui affecte non seulement les plus vulnérables, les enfants, mais affecte aussi les parents et en particulier, ça affecte les femmes, ça affecte les mamans, ça affecte les futures mamans.
Vous avez peut-être entendu parler de ce cycle de 1 000 jours qui représente le moment de la conception jusqu’à deux ans d’âge, qui est ce moment crucial dans la vie d’un enfant, parce qu’à partir de la conception, si l’enfant est malnutri dans le ventre de sa mère, sa mère donnera naissance à un enfant qui est malnutri.
Et dans beaucoup de cas, ce sont des retards de croissance qui vont être notés, ce sont des manques cruciaux de certaines vitamines, ce sont des développements du cerveau qui font que certains de ces enfants malnutris, malheureusement, sont même condamnés avant d’être nés. Pourquoi ? Parce qu’ils sont nés d’une mère qui est elle-même malnutrie.
Et quand un enfant naît, il doit au moins pendant un an – oui pendant un an ou deux ans – se nourrir du lait maternel. La maman qui est malnutrie ne pourra pas apporter à l’enfant ce dont l’enfant a besoin. Ces 1 000 jours sont ces neufs mois de la conception, plus les deux premières années de vie de cet enfant, et ce cycle est primordial.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’il faut que nous investissions dans la nutrition. Il faut que nous investissions dans la nutrition des enfants. Je dis toujours – et je ne sais pas si quelqu’un me contredira – mais vous tous qui avez des parents ici : quel est le bien le plus précieux que vous avez ? C’est votre enfant, c’est votre enfant… Est-ce que l’enfant doit être le dernier dans lequel on doit investir ? C’est l’enfant dans lequel on doit investir en tout premier.
C’est vraiment un des messages-clefs. Nous sommes un des acteurs. Il y a beaucoup d’autres acteurs si nous voulons adresser ce problème de malnutrition dans ce pays. Surtout au Congo, il n’y pas lieu qu’il y ait la malnutrition parce que tout ce qu’il faut pour que les gens se nourrissent existe.
L’enfant qui est malnutri, ça veut dire quoi ? Aussi pour vous parents : l’enfant qui est malnutri est un enfant qui va être malade de plus en plus souvent. L’enfant malnutri va vous coûter beaucoup plus cher en soins de santé parce qu’il est malade régulièrement. Et même quand vous envoyez cet enfant à l’école, c’est un enfant qui va redoubler plus souvent, parce qu’il est plus souvent malade, parce qu’il a moins de capacités.
Donc, un enfant malnutri vous coûte, à vous parents, un enfant malnutri coûte à la Nation, coûte à ce pays : on a fait des études qui le démontrent. Si on investit un dollar – un dollar – dans la nutrition, les bénéfices de ce dollar pour l’enfant, pour la Nation, sont seize fois ce qu’on aurait fait avec ce dollar-là.
Donc ce n’est même pas quelque chose qui doit être discuté : c’est un message s’il vous plaît qui doit être porté, répété et répété. On ne peut pas laisser cette situation continuer. Je ne peux pas comprendre - j’étais en poste en Afghanistan avant de venir ici – je ne peux pas comprendre que le taux de malnutrition dans ce pays soit plus élevé que le taux de malnutrition en Afghanistan. Et pourtant c’est la réalité. On ne peut pas laisser cette situation continuer, il y a les moyens d’adresser la malnutrition.
Pour nous, c’est un élément central de nos activités. On a vraiment réellement essayé au cours des dernières années, avec le soutien d’un certain nombre de bailleurs, du Gouvernement, d’augmenter de manière significative nos activités nutrition. On est passé de 300 000 personnes que nous ciblions en 2017 à presque 600 000 en 2018.
Au jour d’aujourd’hui, au mois de juin, nous avions atteints presque 600 000 personnes et j’espère que nous allons dépasser le million cette année. Et nous avons déjà comme plan en 2019 de continuer, et même d’augmenter, le niveau de prise en charge en nutrition pour l’ensemble de ce pays.
Voilà, je vais peut-être m’arrêter là pour prendre des questions, mais si je dois dire une chose, je dirais : s’il vous plaît, partez d’ici, si vous n’êtes pas des nutritionnistes, essayez à travers d’autres, de comprendre ce qu’est cette problématique nutritionnelle. Ce n’est pas quelque chose que quelqu’un d’autre peut venir régler pour le Congo, pour les Congolais. C’est vraiment une priorité, c’est une priorité qu’il faut adresser.
La deuxième chose, c’est bien sûr la paix et la stabilité. Et ça, c’est le message à tout le monde, à vous, message que je sais, vous portez déjà, mais c’est un tambour qui ne doit pas cesser de battre, celui de la paix et de la stabilité. Tout ce que nous faisons ne pourra pas arriver au succès que nous escomptons si nous n’arrivons pas, à un moment donné, à avoir la paix et la stabilité.
Merci beaucoup pour votre attention.
Question 1
Grâce Kabedi/ La Prospérité. Monsieur le Représentant, vous êtes quand même partenaire du Congo depuis bien longtemps. Alors, qu’est ce qui fait que le problème persiste ? C’est un problème de moyens financiers ? La RDC manque-t-elle des moyens pour que l’on puisse travailler sur ce problème de nutrition, ce problème alimentaire ? Parce que ça fait quand même longtemps, il ne manque pas de terres pour cultiver. Alors qu’est ce qui bloque ?
Qu’est ce qui fait qu’il y a toujours ce problème-là, ce problème est quand même récurrent, c’est un problème qui est profond. Pourquoi est-ce que les moyens ne sont pas mis en place ? Est-ce que c’est un problème de Gouvernement ? Je parle du partenariat parce que lorsque vous travaillez, vous vous donnez des moyens, mais que fait le Gouvernement jusque-là, quelles sont vos ententes pour que ce problème soit réglé finalement ? Merci.
Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, [Claude Jibidar] : Juste pour dire que c’est un problème c’est vrai qui ne concerne pas que le Congo, c’est un problème que l’on a un peu partout : on a besoin en Afrique d’investir dans l’agriculture, on doit investir dans l’agriculture, nos Gouvernements n’investissent pas assez dans l’agriculture.
Vous savez en plus, au Congo, il y a cette situation de conflit qui a été générateur de beaucoup de déplacements, de beaucoup d’instabilité, et tout cela ne contribue pas à pouvoir résoudre le problème.
Comme je l’ai dit, et vous avez vu toutes les crises qu’il y a à droite et à gauche, on va faire un travail à un moment et quelque temps après, ce travail sera nullifié, parce que les populations seront déplacées pendant 1 an, 2 ans, et nous allons avoir une situation qui se détériore. Mais encore une fois, c’est un problème qui peut être résolu.
Question 2
Benoît Kambere/ L’Emergence et les Echos de la Région des Grands Lacs : Monsieur le Représentant, à vous entendre - vous connaissez bien le pays – c’est dommage qu’on n’ait pas assez de temps pour vous poser toutes les questions que nous aurions à poser, mais je constate que vous n’intervenez que dans des régions à crise, auprès des déplacés, des expulsés, des réfugiés. Est-ce que dans les villes, comme dans la ville de Kinshasa – la RDC est en crise alimentaire, vous l’avez dit -, est-ce qu’il y a des interventions dans la ville, parce que les malnutris, les gens qui ne sont pas nourris sont aussi à Kinshasa.
Et je m’en voudrais de ne pas poser – on n’a pas assez de temps – de poser la question à Mathias : qu’est-ce qui se passe ? Vous avez dit tantôt que nos amis de Goma seraient en route, et on l’a lu sur les réseaux sociaux que nos amis de Goma étaient un peu fâchés avec la MONUSCO. Est-ce qu’il n’y a pas eu de médiation pour voir si on ne pourrait pas… on est en vidéo conférence avec Goma, on voit qu’Amadou est seul.
Porte-parole de la MONUSCO par intérim [Mathias Gillmann] : Je pense que la MONUSCO a une politique de la porte ouverte. On est disposés à discuter avec les journalistes de Goma s’ils ont des griefs à exposer. Je vais m’en tenir là parce que je ne suis pas plus au courant que ça des raisons de ces griefs.
Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, [Claude Jibidar] : Je dirais oui, nous connaissons le pays, nous essayons d’adresser ses problèmes, ils sont énormes. En fait il faut regarder ce que nous faisons quelquefois, malheureusement, comme ce que ferait un chirurgien ou un médecin qui arrive devant une vingtaine de personnes qui ont besoin de soins. Et qu’est-ce qu’il va faire ? Il va devoir cibler immédiatement les cas les plus graves. Et malheureusement, c’est un peu ça ce que nous sommes en train de faire.
Dans la ville de Kinshasa, ou d’autres endroits, il y a effectivement des problèmes, des gens qui peuvent être dans le besoin. Mais leur problème est un problème de pauvreté. Et nous, ce que nous faisons n’adresse pas immédiatement la pauvreté ; ce que nous faisons, c’est apporter une assistance à quelqu’un qui est dans une situation désespérée.
Mais comme je l’ai dit, nous essayons immédiatement après d’aider ces gens-là à retourner chez eux, à s’installer et à cultiver pour pouvoir se prendre en charge.
Ce qu’il faudrait dans la ville de Kinshasa, c’est qu’effectivement, il y ait d’autres politiques qui puissent venir aider les gens à avoir du travail, à avoir des moyens et à pouvoir se nourrir – et bien se nourrir. Malheureusement, nous n’avons pas les moyens de couvrir l’ensemble des besoins alimentaires du Congo.
Question 3
C’est Mireille Mpoyi/ AICM : Ma question s’adresse au Représentant du PAM. J’aimerais bien savoir ce que le PAM pense faire pour aider la RDC à devenir stable sur le plan alimentaire ? Merci.
Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, [Claude Jibidar] : Moi je suis convaincu que si on aide à travers les activités de résilience, comme j’ai dit, on arrive à aider la grande majorité des Congolais qui vivent dans les zones rurales, qui sont des paysans. Les aider à produire – non seulement à produire pour se nourrir, mais à produire pour pouvoir générer des ressources.
Vous savez, la femme qui a son enfant qui est malade, il faut qu’elle paye quelque chose pour emmener cet enfant malade à un centre de santé. Donc, vous imaginez : la femme qui n’a pas réussi à produire, comment est-ce qu’elle fait d’habitude ? Comment est-ce qu’elle arrive à gagner 500 francs ou 1 000 francs ? Elle va vendre un peu de son maïs, elle va vendre un poulet, elle va vendre une chèvre. Mais quand elle n’a plus ça, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle n’a rien.
Donc, aider les gens, aider les Congolais, les agriculteurs à produire, assez pour se nourrir et assez pour générer des ressources, c’est la solution.
Ce pays ne sortira pas – on ne sortira pas 70% de la population de la pauvreté sans un investissement massif dans l’agriculture.
Question 4
Albert Omba/ Numerica TV : Monsieur Claude, vous dîtes qu’il y a au moins une crise alimentaire très grave en RDC mais les chiffres que vous avez avancés ont été contestés par le Gouvernement, il y a une polémique ; Gouvernement qui n’accepte pas qu’on puisse qualifier la RDC de connaître une crise alimentaire. Est-ce que vous conciliez vos données avec nos amis du Gouvernement ?
Représentant du Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, [Claude Jibidar] : Les chiffres que j’ai avancés – 7,7 millions, 13,1 millions – ne sont pas des chiffres du PAM, ce sont des chiffres du Gouvernement.
Le chiffre de 15,6 millions dont j’ai parlé tout à l’heure, si vous vous rappelez, j’ai dit que ce sont des chiffres préliminaires qui sont en train d’être discutés, qui émanent des services techniques du Gouvernement et qui doivent être discutés avec les autorités et endossés par les autorités.
J’espère que dans quelques semaines, les résultats finaux seront publiés parce qu’ils sont publiés par le Gouvernement.
Porte-parole de la MONUSCO par intérim [Mathias Gillmann] : Merci beaucoup, merci à tous et merci Claude, vous avez fait tout le travail. Je vous souhaite une belle journée, on se retrouve dans deux semaines, merci aux auditeurs de Radio Okapi.