Dans le cadre de son engagement à promouvoir une réforme foncière durable en République démocratique du Congo (RDC), ONU-Habitat a organisé, du 20 au 23 novembre 2024, une série d’ateliers locaux de restitution. Ces ateliers ont permis de partager les résultats de deux études menées dans six zones clés : Maluku (Kinshasa), Kisantu (Kongo Central), Miabi (Kasaï Oriental), Kikwit (Kwilu), Gemena (Sud-Ubangi) et Kisangani (Tshopo). Les recherches ont mis en évidence plusieurs enjeux cruciaux tels que la prolifération des conflits fonciers, la déforestation accélérée, le manque de connaissance des procédures administratives et l’insuffisance d’équipements pour l’administration foncière.
Une réalité alarmante dans les communautés
Interrogeant près de 2 000 ménages, les études ont révélé que 78 % d’entre eux ont signalé une forte incidence de conflits fonciers. Ces tensions proviennent principalement de la délimitation des parcelles et des territoires, entraînant parfois des confrontations directes. Une autre problématique majeure est le faible taux de certification foncière : seulement 2 à 5 % des populations possèdent des certificats d’enregistrement, la majorité se contentant d’actes de vente. « Le manque d’information et de moyens en est la cause principale », explique Mr. Sados Touonsi Christophe, consultant ayant dirigé ces travaux.
Le rôle des concessionnaires et des chefs traditionnels
Les conflits entre communautés et concessionnaires ont également été identifiés comme des sources de tension. Sacré Bobo Kilamba, chef de terre à Kasangulu, déplore la pratique où des particuliers acquièrent d’importantes surfaces de terres sans les exploiter, privant ainsi les populations locales de ressources vitales. Il plaide pour une intervention de l’État, appuyée par une collaboration entre chefs traditionnels et ministères concernés.
De plus, les études ont pointé la superposition des titres fonciers et les doubles cessions de terres par certains chefs coutumiers, exacerbant les différends. Sacré Bobo Kilamba souligne l’urgence d’équiper le service du cadastre pour qu’il puisse assurer une gestion efficace et éviter ces doublons.
Vers des actions concrètes
Face à ces constats, ONU-Habitat, en partenariat avec la Coordination nationale de la réforme foncière (CONAREF), prévoit de lancer des projets basés sur les recommandations issues des ateliers. Ces initiatives viseront à améliorer la gestion foncière et à réduire les conflits, contribuant ainsi à une paix sociale durable et à la sécurité des investissements.
Un atelier de restitution nationale est prévu à Kinshasa pour consolider ces efforts. Glodis Kabamba, Chargée Communication de l’ONU-Habitat, a réaffirmé l’engagement de son agence à soutenir le gouvernement congolais dans cette réforme essentielle.