Demain, 10 décembre, s’achève la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Les conséquences de ces violences, qui ont malheureusement gagné du terrain avec la pandémie de COVID-19, vont bien au-delà des traumatismes physique et psychologique. Les victimes sont parfois si affectées qu’elles deviennent moins aptes à atteindre leur plein potentiel, avec un impact sur le développement socio-économique du pays.
Parmi ces violences dévastatrices, on trouve l'exploitation et les abus sexuels. Vous le savez, les Nations Unies appliquent une politique de tolérance zéro en la matière, que les actes soient commis par leur personnel ou les personnels affiliés, y compris leurs partenaires de mise en œuvre, conformément à une circulaire du Secrétaire général des Nations Unies de 2003. La plupart des organisations humanitaires, ainsi que le mouvement Croix Rouge, ont également des politiques très strictes dans ce domaine.
Toutefois, beaucoup reste à faire. Des médias ont récemment relayé des allégations d’abus et exploitation sexuels perpétrés pendant la réponse à la 10e épidémie de maladie à virus Ebola, survenue dans l’Est de la RDC d’août 2018 à juin 2020. Ces allégations graves sont en cours d’investigation. Si les enquêtes confirmaient ces actes, cela pourrait indiquer que nos systèmes d’alerte établis au niveau communautaire n’ont pas fonctionné pleinement et nous devons réagir en conséquence.
Sans attendre les conclusions de ces enquêtes, la communauté humanitaire a pris les devants et décidé de renforcer ses propres systèmes de protection, réponse et d’enquêtes. C’est ainsi qu’elle s’est attelée au projet de ligne verte 49-55-55, que nous lançons ce jour avec le concours des principaux opérateurs téléphoniques de la République démocratique du Congo. Cette ligne résulte des efforts conjoints du Réseau prévention des abus et de l’exploitation sexuels, de l’Equipe pays des Nations Unies, de l’Equipe humanitaire pays, et du Forum des ONG Internationales – dont je salue ici l’engagement.
Excellence Madame la Conseillère Spéciale du Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
La ligne verte 49-55-55 cadre avec la politique de tolérance zéro des Nations Unies et s’intègre dans la Stratégie nationale de la protection contre l’exploitation et les abus sexuels. Elle s’aligne en outre sur le concept de « Redevabilité envers les populations affectées », par lequel les acteurs humanitaires s’engagent à rendre compte de leurs interventions aux populations qu’ils assistent, avant, pendant et après les actions entreprises.
Cette ligne offrira aux bénéficiaires, témoins et lanceurs d’alerte un mécanisme d’alerte et de plainte assorti de garanties de sécurité et de confidentialité pour les communautés. Nous nourrissons l’espoir que le 49-55-55 permettra de prévenir les cas d’abus et d’exploitation sexuels, d’identifier et de prendre toutes les dispositions à l’encontre des personnes qui, contrairement à leur travail d’assistance humanitaire auprès des populations, violeraient leur devoir, et ceci, quel que soit leur grade, fonction ou nationalité.
Cependant, cette ligne verte ne pourra résoudre à elle seule la question de l’exploitation et des abus sexuels. C’est notre affaire à tous et il est nécessaire que chacun prenne conscience, par exemple, que l’on ne doit jamais payer – ni de l’argent, ni des biens en nature, ni de sa personne – pour obtenir un emploi. Cette prise de conscience jouera un rôle primordial pour désamorcer les pratiques abusives.
Pour conclure, je vous invite tous à mémoriser ces chiffres : 49-55-55 et à les diffuser largement afin que chacun puisse pleinement jouer un rôle dans la mise en œuvre de notre politique de tolérance zéro, en conformité avec notre volonté de protéger les populations vulnérables que nous sommes appelés à servir.
Je vous remercie de votre attention.